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"Alain Guillou est un de ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse à l'aventure en images"
Il est un rêve que le petit monde de la photo professionnelle nourrit
secrètement: faire un jour partie du cercle très fermé des photographes
Leicaistes. Alain Guillou, spécialiste des sujetsaventure et people , n'en revient
pas lui-même. Alors qu'il visitait le Japon en suivant Malcolm Forbes,
le P.D.G. de Canon, voyant son Leica, lui a fait cette confession étonnante:«C'est
le meilleur appareil au monde, j'en ai un. » Des choses surprenantesqu'il
a pu voir ou entendre, il retient aussi sa rencontre avec le Magnat Forbes.
dans son château-musée de Balleroy en Normandie. Tous deux passionnés
de ballon, ils s'accordent sur la même thèse: ce sport peu pratiqué est
un formidable outil d'action et de communication. |
Il a ainsi découvert que face à un sujet mille
fois repris, il existe toujours quelque chose de nouveau à apporter. « Il
suffit de voir que I'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Et qu'il y a des
trésors visuels partout », explique-t-il. Ainsi s'est-ilintéressé à « La
Marine nationale suédoise », « La Tourraine » ou «Venise classique sous
la neige ». Du fait que sa femme Ewa, est Polonaise (il l'a rencontrée entre deux avions à Orly), il a passé un an dans ce pays, pour le photographier dans son quotidien le plus profond. Néanmoins, il conserve cette appréhension que précède chaque reportage. Même s'il reconnait qu'en bourlinguant il a acquis des réflexes professionnels et de I'expérience, il s'interroge toujours sur les possibilités d'expression artistique et journalistique dont il faudra faire preuve au moment de la réalisation. Alain analyse sa vie et sa façon de vivre comme un équilibre entre l'art et son côté mercantile : il est parvenu à chasser de son esprit tous les faux problèmes intellectuels. Si I'aventure est à ses yeux un phénomène social et un révélateur du besoin qu'ont les gens de s'offrir des loisirs insolites, elle estaussi une nécessité profonde et personnelle. Mais comme le fait remarquer Alain Guillou, il faut prendre gardeà certains dangers de ce phénomène. Il est en effet important d'avoir envie de faire des choses, mais la démocratisation à outrance de I'aventure doit être considérée avec une certaine méfiance. Par ailleurs, Alain Guillou estime qu'en bénéficiant de trop de facilités au départ, on n'est pas forcément avantagé pour la suite des choses. De tout ce qu'il a pu faire et de toutes les péripéties qu'il a connues, il ne garde pas de réel mauvais souvenir. Seule une vieille anecdote, qui le fait maintenant sourire I'a franchement agacé à I'époque: alors qu'il embarquait à bord d'un appareil d'une célèbre compagnie aérienne britannique, I'équipage a refusé d'admettre que la fragilité de son matériel puisse nécessiter un voyage dans la cabine, le transport de I'équipement d'un photographe n'étant qu'un vulgaire fret, comme le reste. Depuis, il ne voyage plus sur cette compagnie... et négocie toujours au préalable cette délicate question. Pour I'heure, ses prochains projets concernent la mer et les voiliers. Avec I'idée constante de concevoir ses reportages au travers de mises en scène sur le vif : Alain Guillou préfère la mise en scène à I'improvisation car cette dernière ne donnepas toujours la qualité attendue. Il n'hésite donc pas à recréer la scène autant de fois que cela lui parait nécessaire pour obtenir la bonne prise. Pragmatique, Alain Guillou, qui arrive parfaitement à combiner plaisir et travail,n'oublie jamais que le nerf de la guerre réside dans sa parfaite collaboration avec Leica. Au point que dans la période environnant la sortie d'un nouveau boitier ou d'un nouvel objectif de la firme allemande, il a toujours sur lui une fiche d'observation concernant l'appareil. N'oubliez pas qu'il est un des rares membres du club très fermé de ceux qui testent le comportement technique de ces prestigieux appareils. Article par ALAlN DELOOSE |