HITCHCOCK ETAIT IL UN VISIONAIRE ?

Dans l'esprit du public, le goéland est un symbole de liberté et d'indépendance. Toutefois le portrait symphatique et émouvant, tel qu'on a pu le voir dans le film Johnathan Livingstone Seagull est tout à fait imaginaire et ne relève que d'une très belle création poétique et philosophique.

Le goéland est un voilier magnifique dont le caractère et le comportement sont conditionnés par les problèmes de survie posés par la nature. Il peut alors à nos yeux d'humain sembler être un animal sans pitié, agressif, cruel et charognard. Nous nous garderons pourtant bien de porter un jugement sur la façon dont la nature "gère" les epèces vivantes et sur le comportement de ces dernières.

Mais le cas de cette espèce est intéressant à plusieurs titres. En effet, vous n'avez certainement pas été sans remarquer, non seulement sur le littoral Français mais aussi loin à l'intérieur du territoire, une extraordinaire abondance de ces oiseaux. La nature semblerait devenue incapable de gérer et d'équilibrer les excès de l'homme sur son environnement.

Les prédateurs naturels du goéland ont presque totalement disparus. Le renard par exemple était un régulateur notoire. Il n'y a pas si longtemps l'homme avait encore l'habitude, de consommer des oeufs de goéland pendant la période de la reproduction. (printemps Mai Juin). Cette coutume a disparu de nos jours.

Nous assistons à la résultante d'un certain nombre de faits qui s'aditionnent. La SURRABONDANCE D'ENERGIE NUTRITIVE est aussi un de ces facteurs :

Initialement, le goéland se nourrit des poissons qu'il peche et des charognes diverses rejetées sur les plages par la mer. Ce rôle d'éboueur naturel et occasionel devient de plus en plus une occupation première : peu à peu le goéland apprend qu'il est plus facile de rechercher sa nourriture dans les sacs poubelle en plastique qui jalonnent les rues des villes et villages du littoral, ou qui s'entassent encore avec bon nombre d'autres détritus alimentaires dans les décharges publiques à ciel ouvert.

Les décharges de Brest (15 000 goélands recencés journalièrement pour cette seule ville), de Marseille, de Toulon et de beaucoup d'autres citées offrent des exemples spectaculaires .

Par aileurs, allez donc en Bretagne Sud voir les nuages de ces oiseaux s'abattre sur les rejets de poissons non calibrées qu'effectuent les sardiniers au retour de leur peche.

A plus petite échelle, dans les réserves comme par exemple celle du Cap Fréhel, il est fréquent de voir un touriste attendris réaliser sa "bonne action" en nourrissant le goéland sauvage qui viendra presque lui manger dans la main. Cette action est parfaitement néfaste pour l'animal .

Pour information, il est intéressant de noter qu'un goéland mange une quantité de nourriture journalière à peu près égale à son poids. Il est souvent à l'origine de nombreux dégats soit dans les cultures, soit par exemple dans les élévages de moules de la baie de Saint Brieux où il occasionne annuellement à peu près 1 500 000 de Francs de dégats .

L'habitat change

Il est bien évident que le goéland prolifère au détriment des autres espèces avec lesquelles il partage son habitat . Il mange volontier les oeufs ou les petits des oiseaux nichant à découvert tel que les huitriers pie, les Eiders. Meme le vanneau huppé est touché. Certaines espèces tel que le Stern , les Avocettes, les Grands Gravelots ont été décimés par le goéland argenté et ont disparus des cotes de Bretagne pendant plusieurs années. Notons également que certains ornithologues ont vu le goéland se nourrir de petits mammifères tel que des rats, des taupes, de jeunes lapins et même de jeunes chats.

Est-ce à cause d'un problème de surpopulation qu'il semblerait que l'espèce cherche d'autres lieux d'habitation ? Probablement . Chaque couple de goélands créé son propre territoire (30 à 50 mètres de diamètre) pendant la période de nidification. L'insertion de nouveaux couples donne lieu à des combats spectaculaires . Dans des lieux de reproduction tel que le Cap Fréhel, l'espace devient limité. Ainsi les toits et les cheminées des villes cotières sont envahis pendant la période de nidification par une multitude de couples de goélands qui y érigent leurs nids et se reproduisent . (Brest, St Malo, etc ...)

Les jours ou les ascendances thermiques sont les plus fortes, vous pourrez voir des milliers de ces oiseaux spiraler dans le ciel à l'Ouest de Paris et tout particulièrement du coté des décharges publiques de Poissy. La migration du goéland à l'intérieur des terres est un phénomène bien connu des paysans la veille des grandes tempêtes. Mais cette "invasion" en masse est un évènement totalement nouveau que les ornithologues étudient avec attention.

Ainsi de nombreux organismes de surveillance et de protection de la nature s'efforcent-ils de comprendre, d'analyser le dérèglement auquel ils assistent. Des tentatives et des essais de réduction du nombre et de ralentissement de la prolifération ont eu lieu. Les méthodes employées et les expériences sont aussi diverses que variéees :

Les ornithologues ont tenté pendant quelques années consécutives de réguler la croissance du nombre de goélands en en tuant une certaine quantité au fusil, ce qui devait effrayer les autres et les obliger à quitter les lieux. Mais au bout d'un moment, ce moyen s'est avéré inefficace.

L'on essaya ensuite sans succès réel de secouer l'oeuf après l'incubation, puis l'on vint à faire des petits trous dans les coquilles pour faire échouer la reproduction. Ce procédé était avantageux car le goéland ne s'appercevait de rien et ne recommençait pas la ponte. Mais les résultats en général furent médiocres par rapport aux exigeances de la situation.

Sachant qu'un goéland vit environ 30 ans, et qu'il se reproduit à partir de l'age de 4 ans, faisant une ponte par an de 3 oeufs, on imagine mieux le nombre d'oiseaux qui en résultent.

Devant l'urgence de la situation la Société d'Etudes et de Protection de la Nature en Bretagne (la SEPNB) avec l'accord du Ministère de l'Environnement a lancé l'opération Goéland à la fin du mois d'Avril 1979.

Les ornithologues détruisent tous les ans le nombre calculé de 3,6 % de la population des goélands . A ce jour, 25 000 oiseaux ont été éliminés. Ce n'était pas trop tôt car cette année là, rien qu'en Bretagne, l'on recensait 75 OOO couples dont le nombre aurait déjà doublé.

Certaines personnes suggèrent qu'au lieu de tuer les oiseaux en les empoisonnant, il est préférable de faire disparaître les décharges publiques à ciel ouvert. Celà entrainerait sûrement un ralentissement de la prolifération des goélands mais aussi un grand risque de voir cette espèce douée de capacités d'adaptation exeptionelles exploiter à fond des sources de nouriture jusqu'ici marginales... et probablement en développer de nouvelles.

Les exemples de comportement anormaux d'animaux ne manquent pas . L'homme par son ignorance et parfois son mépris des lois naturelles est presque toujours à l'origine de ces "accidents".

L'on a bien vu il y a quelques mois des perroquets s'attaquer pour une raison inconnue à un village Australien, détruisant et "dévorant" les volets et les charpentes en bois des maisons.

Au Kenya, en 1979 les rangers de la réserve Masai Mara furent obligés de tuer un éléphant nommé Jumbo qui était devenu dangereux pour les touristes parce que l'on suprima brutalement l'accès aux poubelles d'une lodge (hotel) dans lesquelles il trouvait sa pitance journalière. Jumbo devenu fou dans sa recherche de nourriture s'attaqua sur le parking aux voitures contenant ou (ayant contenu) de la nourriture, les ouvrant litéralement comme des boites de conserve. Il en détruisit plusieurs dizaines jusqu'au jour ou il signa son arrêt de mort en s'attaquant à une des tentes d'un camp (hotel) de luxe pour touristes. Il y avait dans cette tente un meuble, dans un des tiroirs une orange. La tente était vide, mais ses habitants auraient très bien pu s'y trouver. Jumbo pourtant n'était pas un animal agressif ou méchant. C'était un animal dénaturé par l'homme. ...

C'est a juste raison et pour le bien des ours et des animaux de grands parcs Américains que les conservateurs de ces parcs ont rendu les poubelles inaccessibles et interdisent aux visiteurs de leur donner à manger.

Les mésanges en Angleterre qui soulèvent les capsules de bouteilles de lait pour en prélever la crème ne dérangent pratiquement personne. De même lorsque un écureuil du parc de Stockholm "vole" le sandwich d'un pique-niqueur, il amuse plus qu'il ne dérange.

Le goéland, quand à lui, trop habitué à être nourri par les humains peut par exemple gêner le plaisancier qui trouve son bateau couvert de déjection. Mais les goélands qui s'abattent sur un dépot d'ordures à proximité d'un aéroport et percutent le réacteur d'un jet deviennent franchement dangereux. (il faut savoir que le poids d'un goéland de 900 grammes crée un impact de 500 Kg -- 1/2 de mv2 sur un avion volant à 360 Km / Heure. Celà est suffisant pour créer une catastrophe aérienne).

Chaque fois que l'homme fournira de la nourriture à un animal sauvage, il fera une intrusion dans le fonctionnement de la nature.

Peupler les forêts Bulgares de faisans d'élevage , c'est avantager la multiplication des renards, et c'est aussi une intrusion qui se taxe par un dérèglement de la nature et de l'environnement.

Les habitudes prises sont difficiles à défaire. Aux USA, les chercheurs ont su dégouter les coyotes des carcasses de mouton en garnissant celles ci d'un puissant hémétique. Le résultat est que les coyotes se méfient maintenant des moutons morts. Ne pouvant se passer du gout de la viande des moutons, ils s'attaquent maintenant aux moutons vivants.

L'histoire de Jumbo et des quelques cas décrits ci-dessus sont significatifs et à ce stade, nous posons une question:

Les goélands peuvent - ils être un jour les acteurs d'une nouvelle version en réel du célèbre film LES OISEAUX ? Hitchkock était-il un visionnaire ?

Les chances dans ce sens sont infimes, pratiquement nulles. Pourtant, le risque peut exister.

La question suivante se pose :

Que se passerait-il si l'on rendait inaccessible aux goélands les décharges publiques?

Nul ne peut répondre à cette question. Mais signalons quand même que le goéland a déjà montré sa capacité d'attaquer physiquement l'homme qui s'approche trop près de son nid par exemple.

Il n'y a qu'a voir à quelle vitesse une colonie de goélands réduit à néant la "livraison" matinale d'une décharge publique pour se rendre compte de la force et de la puissance destructrice de cette colonie.

Bien sûr il ne faut pas voir ici le soufle destructeur d'un mouvement de panique anti-goélands. Cet animal a très certainement une fonction importante dans la chaine écologique et il serait regrettable de voir la population se lancer dans une de ces destructions massives...comme celà s'est produit pour de nombreuses autres espèces. L'animal "nuisible" n'existe que parce que nous l'avons rendu "nuisible" et l'élimination incontrollée, légalisée ou non, est tout simplement et finalement néfaste .

Les ornithologues font leur métier et il est probable qu'ils arrivent à force de recherche et d'observations à recréer un équilibre. Du moins espérons le. Ils sont les plus compétants dans ce domaine et le choix des options leur revient.

Pour conclure, une considération s'impose : laissez donc les animaux quel qu'ils soient à leur régime naturel chaque fois que celà sera possible.

Texte & enquête par Alain GUILLOU . COPYRIGHT

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SEAGULLS

We all know the calling card left on the windscreen or deck - but curse them all you want, you can't ignore these fine messers.

Seagulls ! who needs them ? They are a nuisance. And as for the mess ... !

But just a moment. Before you write off the entire gull population of the world, stop and think a while. For all its bad habits- not least a liking for deposit exrement all over morring buoys, tenders, coachroofs and decking - the seagull is a very successful bird. Or rather the herring gull- for that is almost certain to be the true identity of the leaver of presents on your gleaming gel-coat. The herring gull's correct scientific name is Larus argentatus and its very success demands respects. Just consider the way it has climbed to its present position over the centuries to the to of the flocks.

You won't be pleased to know that there are no fewer than 87 species of such sea birds-gulls, terns and noddies worlwide. The Larus group accounts for about 45 of them and the most successful, at least in this part of the northern hemisphere, is Larus argentatus

The herring gull's pas is shrouded in mystery. There is no fossil evidence of the species and little information of its early history. Current thinking is that it probaly came here from North America with the warm North Atlantic drift current after a glaciation.

In the past it must have been kept in check by human activities. But this century it has benefited from other of those activities, and far much more so than any other gull.

Its modern success as as species is not too difficult to explain. As a scavenger and minor predator, the bird likes rubbish. That is major source of its favourite food : insects, worms, vegetable matter, carrion, offal - what you might call the junk food of the bird world. Add in the fact that as this century has progressed there has been

a growth in the number and size of municipal rubbish tips all over the country, and you have the key to this gull's growing numbers.

To be accurate, those numbers have not so much grown as exploded. In 1907 the Isle of May in the Firth of Forth, for instance had one pair. By 1970 that had become 17.000 pairs . There are reckoned to be minimum of 250.000 pairs in total across the British Isles. The countrywide population has probably doubled in the past 20 years. And with gull families currently procreating at around 15% per year (two or three eggs per pair between April and Juy), it looks set to double again in another five. Be prepared for even more around the marina. Not surprisingly given their numbers, there are a few coastal regions where you won't find the herring gull, and all year around at that. The exeption, although no one quite understands why, is that strerch of the East Coast between the Humber and Thames Estuaries where colonies are very limited.

SInce 1940 these gulls have started moving inland in quite large numbers, attracted by bigger and better refuse dumps. Their simple nests were originally limited to sea cliffs, sand dunes and marine islands. But this versatile bird has now turned its attention to inland lakes, moorland and even the roods of buildings in town and city centres. Townies and city dwellers are no happier with the resulting noise and mess than yacht and motor-boat owners.

Only when you go well offshore will you be sure of leaving them behind. Calling the herring gull a 'seagull' is something of misnomer-it is not in fact a deep-sea bird. It much prefers walking and perching (on your deck, as likely as not, if not on dry land) to swimming, whether on the surface or, even less likely, underwater. To be fair, its graceful gliding, soaring and swooping pattern of flight make it an impressive aerial performer.

So how can you be sure of the identity of that feathered visitor who next leaves a deposit on your gleaming craft ? You don't, after all, want to slander one of the other 86 species. Look for an ash-grey back, white underbody, black wing tips- the span can reach 56in (1,42m) - pink legs, orangey-red ringed yellow beak with a red spot.

That spot is an interesting example of animal communication. Newly hatched young instinctively peck at the spot, which serves as s stimulus for the adult gull to regurgitate partially digested food into the bill of the fledgling.

A better example, perhaps, of the herring gull's intelligence is its ability to open mussel shells in order to eat the contents. It will carry the tightly closed shell high into the air, then drop it onto a hard surface intil it breaks open.

Another way of identifying your culprit when it comes to clearing op the crap is the cry. 'Kyow' and 'gah-gah-gah' are the commonest calls, the latter appropriately, perhaps, considering how you feel like going ga-ga at the amount of mess it makes

COPYRIGHT Alain GUILLOU

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